IARES en 1998, avant assemblage du mât stéréoscopique (photo montage !...)
Des nouvelles de IARES... le démonstrateur de robot d'exploration spatiale du CNES sur lequel
j'ai eu la chance de travailler pendant mon
stage de fin d'études
(le sujet : recherche de stratégies de couverture de la perception pour le robot IARES). IARES : Illustrateur Autonome de Robotique mobile pour l'Exploration Spatiale
L'article ci-dessous est extrait du CNES Magazine de juillet 2007.
Dans la perspective de la mission Exomars, l'équipe robotique du CNES a conçu
un robot nouvelle génération, sous maîtrise d'oeuvre ESA.
En cours de validation au SEROM, site d'essai des robots mobiles installé sur le CST (Centre Spatial
de Toulouse), les technologies et algorithmes de pointe bénéficient d'un terrain d'exercice
inédit, dont le sol de pouzzolane simule la surface martienne.
Vers un premier robot européen autonome et intelligent
Si l’exploration planétaire a longtemps fasciné les hommes, elle a aujourd’hui résolument
quitté le domaine du rêve pour celui de la recherche scientifique.
De ce point de vue, les enjeux sont fondamentaux et l’on attend beaucoup de l’étude détaillée
de l’environnement martien, par exemple, pour mieux connaître et donc comprendre l’origine du système
solaire. Mener à bien ces investigations passait par des modes opératoires spécifiques autres
que la seule cartographie des planètes à explorer. Les véhicules planétaires ont fait
la preuve de leur adéquation à ces investigations. Toutefois, la première
génération de ces robots présentait quelques insuffisances qui contrariaient les objectifs
scientifiques et technologiques. Le premier problème à résoudre était celui de l’effet
retard observé entre l’envoi de la commande et la réception de celle-ci. Pour les robots lunaires,
ce délai varie seulement de 1 à 10 secondes, ce qui représente malgré tout un
écart préjudiciable à la qualité d’intervention. Mais plus encore, la réactivation
des missions martiennes imposait de réfléchir à l’autonomie des robots. En effet, le temps de
latence induit par la transmission entre la Terre et Mars (soit une quarantaine de minutes) et l’ajustement au
créneau de visibilité du satellite rendaient inadéquat le pilotage par
téléopérateurs depuis la Terre.
UN CALCUL AUTONOME DE TRAJECTOIRE
Pour contourner ce problème, la robotique planétaire s’est orientée vers la conception de
robots mobiles autonomes. Dans la perspective de la mission Exomars, programmée pour 2013, l’équipe
robotique du CNES a donc, depuis quelques années, investi beaucoup d’énergie dans la conception d’un
modèle sous maîtrise d’oeuvre Esa. Les phases d’études se terminent et devraient
déboucher sur un passage en phase de réalisation fin 2007 pour aboutir, dans les prochaines
années, au développement du modèle de vol. Le robot nouvelle génération est,
notamment, équipé d’un calculateur de bord qui intègre la somme des algorithmes
nécessaires à la mission, en particulier à un déplacement totalement autonome. Il
utilise un banc de stéréovision spécifique; deux caméras indépendantes et
séparées par un entraxe mémorisent les images du proche environnement; à chaque pixel
de caméra est associée, par corrélation, la distance des objets.
Le robot est en capacité d’analyser si son environnement est ou non navigable sans supervision au sol.
Il peut ainsi, au sein des zones navigables, générer une trajectoire vers ledit objectif,
jusqu’à la limite du connu. Il procède ensuite par succession de cycles. Pendant la phase
d’exécution des tâches, le robot peut stocker les informations. Il vide sa mémoire, de
manière sélective, exclusivement au moment du passage en visibilité du satellite. A l’automne
2007, de nouvelles expériences vont tenter de faire évoluer le robot de la situation « autonome »
à la situation « intelligente ». De nouveaux algorithmes seront testés pour mettre le robot en
capacité d’atteindre un objectif final déterminé avec précision.
L’INTEGRATION DE SYSTEMES COMPLEXES
Les études se poursuivent pour conforter l’autonomie du robot et faire face à des situations
aléatoires ou complexes. Une expérimentation de contrôle de trajectoire est en cours de
développement. En l’absence de champ magnétique sur Mars, le robot, dépourvu de système
de localisation, doit pouvoir, de façon autonome et fiable, exécuter sa trajectoire. Une
caméra pointée au sol poursuit des points caractéristiques du relief. Via le calculateur de
bord, ces images seront interprétées, le déplacement du robot vérifié et, au
besoin, la trajectoire infléchie. Toutes ces progressions font l’objet de tests sur le site du Sérom
(site d’essai des robots mobiles), géré par le CNES, un terrain d’exercice dont le sol de pouzzolane
simule la surface martienne.
Des travaux connexes sont également menés pour régler un autre problème majeur, celui
de l’énergie. Avancer, filmer, forer, prélever, analyser : le robot sera investi de multiples
missions gourmandes en énergie. La mise en autonomie génère un gain appréciable sur les
temps d’opérations, mais la réduction du nombre de manoeuvres ou la rationalisation de celles-ci vont
concourir également à économiser l’énergie. Si des avancées significatives ont
été faites, d’ici le lancement de la mission, en 2013, les équipes ont encore des zones
d’ombre à éclairer.
L’intégration des algorithmes spécifiques à la mission scientifique, la projection des
situations aléatoires et les fonctions de surveillance associées ou non, l’intelligence dans la
hiérarchisation des manipulations ou dans les informations à transmettre entrent dans ce solide plan
de charge. Nominalement conçu pour une durée de six mois, ce premier robot européen, dont le
poids avoisinera les 200 kg, porte les espoirs de la première mission européenne sur Mars. C’est
à lui qu’incombe de relever les traces de vie éteinte ou présente dans l’environnement martien.
SILENCE, ON TOURNE !
8h00 du matin, Centre spatial de Toulouse. Une brise froide balaye le site en ce début avril 2007. On se
croirait sur Mars! D’ailleurs, c’est bien ce que doit reproduire ce site du Sérom dédié aux
essais robotiques. C’est là que s’affaire l’équipe de tournage du dernier film du CNES destiné
à la salle grand format de la Cité de l’espace, mais aussi au Salon du Bourget, aux
télévisions et autres expositions.
Il s’agit en effet d’évoquer le futur, et quel meilleur référent culturel et populaire que
celui des premiers pas de l’homme sur Mars, dans un avenir certes indéterminé mais possible à
défaut d’être probable. Le but n’était pas ici de s’attarder sur la vraisemblance de la
situation mais plutôt de dessiner une parabole onirique, renforcée par la présence
étonnante d’une enfant. À la manière du petit prince de Saint-Exupéry, elle interroge
l’astronaute sur tout ce que l’espace pourra apporter à la société dans les 50 ans à
venir, non seulement dans le progrès des connaissances, mais aussi dans ses applications les plus
concrètes sur notre planète. Ce film, tourné selon les meilleures techniques du cinéma,
a nécessité l’usage d’un fond vert sur lequel les graphistes placent ensuite des paysages
réalistes, à partir de vraies images prises par des sondes martiennes. Cette immersion
cinématographique doit permettre de susciter la curiosité d’un large public, au-delà de la
sphère habituelle des passionnés d’espace, pour toucher le plus grand nombre.